Kabbale et alchimie

Au sens profane, l'alchimie consistait en un ensemble de procédés chimiques permettant d'obtenir la transmutation des métaux en or. Ce fut également un système scientifique et philosophique, visant à découvrir les lois cachées régissant l'univers.

Au sens spirituel, c'est l'art de la culture intellectuelle et morale de l'homme.




L'or potable que l'on cherchait à produire symboliquement, c'était la perfection humaine. Et cette alchimie spirituelle se sert de supports symboliques tels que le soufre, élément mâle, énergie expansive provenant du centre de l'individu et le mercure, élément femelle, énergie venant de l'extérieur, qui pénètre toute chose. Ces forces antagonistes s'équilibrent dans le sel, principe de cristallisation figurant la partie stable de l'être.

L'alchimiste se livrait à six opérations consécutives: la calcination, étape correspondant à la couleur noire, à l'extinction des désirs; la putréfaction qui sépare les éléments calcinés; la solution correspondant à la couleur blanche symbolisant le sage qui résiste aux tentations; la distillation; la conjonction correspondant à la couleur rouge, à l'union des opposés et la sublimation correspondant à l'or, symbole de perfection.




L'alchimiste, c'est le sage qui, prenant conscience de sa dimension symbolique, entre dans le laboratoire d'une nature qui devient l'oratoire de sa pensée. Il se situe au centre du monde, ou plus exactement au centre d'un monde, d'un monde en formation qu'il doit rendre cohérent. Il découvre alors le cosmos, c'est à dire une harmonie où les voix célestes se font entendre... l'univers, la parole divine dans son infinité de mondes et de cosmos.







Kabbale est un mot qui signifie savoir, tradition. Il désigne un vaste ensemble de spéculations mystiques regroupant les écrits de nombreux auteurs au long de plusieurs siècles.

Le Kabbalisme se rapproche considérablement du gnosticisme. Gnosis signifie la connaissance des choses de la religion par l'inspiration divine. A l'inverse du salut qui passe par la foi, l'amour et les bonnes actions, les Kabbalistes et les gnostiques pensent que seul le savoir peut mener au Tout. Pour être choisi, il fallait avoir acquis le savoir; ce n'était pas le péché qui nous coupait du Tout mais l'ignorance.

Bien qu'elle soit complexe et inépuisable, ses conceptions fondamentales sont parfaitement accessibles.

Les Kabbalistes et les occultistes partagent l'idée selon laquelle toutes les choses de l'univers font partie d'un tout organisé, régi par des lois secrètes, et que des liens ou des correspondances cachés relient beaucoup de choses qui n'ont extérieurement aucun rapport entre elles. L'idée d'un chemin dont il faut suivre les étapes pour parvenir à Dieu est une notion qui fut toujours considérée comme fondamentale, tant par les cabalistes que par les théoriciens de la magie.




Le mode de pensée Kabbalistique repose sur le principe que le Tout est inconnaissable. La prière ne peut l'atteindre. Il est Tout et Néant. Il ne peut être qualifié de bon ou de mauvais. Il est En Sof, le Rayonnement Infini. Il n'a pas créé l'univers et ne peut donc pas être tenu responsable. L'univers a émané ou est sorti de lui. D'après le Zohar, un seul rayon de lumière a jailli des étroites limite de l'En Sof, et de ce rayon sortirent neuf autres lumières. C'est par ce procédé d'émanation que le Tout inconnaissable a révélé certains aspects de lui-même. Chacune des dix lumières peuvent être vues comme les facettes de Tout et comme les étapes de sa révélation. On les appelle Sephiroth (chaque lumière étant une séphira) et elle forment le nom du Tout, car elles sont l'identité qu'il a révélée.

On considère que les dix sephiroth forment la base de la création de l'univers et de l'homme, tous deux étant l'image de Tout. En outre, elles représentent les forces vitales de l'un et de l'autre. Les dix sephiroth sont reliées entre elles par 22 sentiers. Les sephiroth et les sentiers sont généralement représentés par des cercles et des lignes sur l'Arbre de vie, arbre qui englobe et ordonne toute chose dans l'univers.

L'Arbre de vie montre également comment Dieu passa dans un éclair, depuis Kether, la première émanation ou Couronne, jusqu'à Malkuth, la Terre ou royaume terrestre, en passant par les sephiroth. Pour parvenir au Tout, l'âme doit effectuer le trajet inverse à travers les sephiroth, et cette ascension longue et difficile est jonchée de nombreux obstacles.




L'Arbre de vie est une notion qui se rapproche beaucoup des idées sur la création de l'univers. L'univers était constitué de neuf sphères concentriques. Le Tout formait la sphère extérieure, les étoiles représentant la deuxième sphère, et chaque planète connue à cette époque correspondant à l'une des sept autres sphères. Parmi ces dernières, la sphère centrale était associée à la lune. Elle contenait la terre, qui ne constituait pas de sphère distincte. Les cabalistes étaient influencés par les théories de Pythagore sur les chiffres allant de 1 à 10. Pour que les sphères planétaires correspondent aux dix sephiroth et aux dix premiers nombres, ils portèrent le nombre des sphères de ce schéma à dix, faisant ainsi de la terre une sphère distincte, liée à Malkuth, c'est à dire terre sur l'Arbre de vie. Les sept sephiroth au dessus de Malkuth formaient les sept planètes; Hokmah, ou sagesse divine, était la sphère des étoiles ou zodiaque, et Kether, la couronne, était Le Tout.




On pensait que l'âme de l'homme venait du Tout et descendait à travers les sphères, empruntant à chacune sa caractéristique propre, comme si elle revêtait au passage une nouvelle peau. De Vénus, par exemple, elle tirait l'amour, et de Mercure, l'intelligence. Elle atteignait finalement la Terre, revêtant alors une dernière couche, le corps physique. Elle constituait alors une image réduite de l'univers, chaque couche correspondant à une sphère, ou à une séphira selon les termes kabbalistiques. Cette idée illustre très clairement la croyance des kabbalistes selon laquelle l'homme est le reflet de l'univers et du Tout.

Une fois dans le corps, l'âme cherchait à retourner à son état primitif, c'est à dire à remonter à travers les sphères pour retrouver le Tout.