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Message  Macbesse Mar 26 Fév - 22:28

Prenons quelques dates importantes pour la culture soviétique, assez emblématiques des Gels / Dégels. J'indique les périodes et les événements symboliques.

1941-45 : la guerre, tout particulièrement de 41 à 44, est paradoxalement l'occasion d'un relâchement du contrôle sur la culture, au moins d'un affaiblissement de la censure. [Je passe brièvement]

1946-53/54 : la grande glaciation intellectuelle, y compris en quantité. Cette décennie est la moins productive de toute, on l'appelle d'ailleurs "l'ère du peu de films" (à peine une dizaine !). Les productions sont très censurées, voire autocensurées. Les intellectuels se tirent violemment dans les pattes en s'accusant mutuellement de "nocivité" et de "sabotage". Ce climat entraîne diverses purges des unions, parfois assorties d'arrestations, qui frappent surtout les moins connus et les moins protégés). Jdanovisme artistique (réalisme socialiste plat et servile) - stérilisation du champ culturel et double discours sont la norme.

Evénements révélateurs :

1946 : Radiation d'Akhmatova (l'une des plus grandes poétesse d'URSS, extrêmement populaire là-bas, moins chez nous) de l'Union des Ecrivains. Motif : Erotisme, mysticisme et indifférence politique. Une "nonne et une putain qui marie l'indécence à la prière", d'après Jdanov. Etre exclu de l'Union des Ecrivains signifie ne plus pouvoir publier (sauf ponctuellement, avec solide contrôle du contenu). C'est une condamnation à la pauvreté.

1946 : Radiation de Zochtchenko de l'Union des Ecrivains, à cause de son humour acide.

1950 : Akhmatova fait paraître pour la première fois des poèmes à la gloire de Staline et du régime alors qu'elle avait toujours réussi à l'éviter. En effet, son fils (orientaliste et capitaine d'aviation pendant la guerre) a été condamné à la relégation en Sibérie. Cette compromission est vaine. Il ne sera relâché (pas avant 56, quand-meme avant la fin de sa peine, 15 ans).

1953-1963 : Le "Dégel"

L'expression vient d'un roman d'Ehrenbourg (écrivain juif ukrainien), qui, en 54, dans le roman éponyme, faisait état du relâchement de la pression étatique sur la société et la culture.
On le décompose en deux temps : un dégel spontané, après la mort de Staline. Le second temps, c'est après 1956 et ce choc qu'est le vingtième congrès en URSS et dans tous les PC du monde (même en France où Thorez met le "rapport Khrouchtchev" sous cloche).

1956 : Vingtième congrès, dénonçant les "Excès du culte de la personnalité". C'est vraiment un tournant dans l'histoire de l'URSS, et il faudra lui faire un sort. (Wikipedia en fait une synthèse correcte, j'ai regardé, vous pouvez aussi aller voir la bio de Khrouchtev, tous ces aspects sont passés à l'as, mais pour la carrière politique, c'est pas mal du tout).

Je ne m'intéresse qu'à ses aspects culturels pour l'instant.

- Dans les prisonniers de retour du Goulag, il y a forcément des artistes. Wink
- Réhabilitations (assorties de parutions)
- Fin du monopole du réalisme socialiste. C'est très sensible au 2e congrès de l'Union des Ecrivains, marqué par le retour des débats artistiques.

Mais :

- Interdiction du rock
- Réticence aux innovations

1957 : Persécution de Pasternak, qui n'obtient pas le droit d'aller chercher son Nobel.

1961 : Parution de la Journée d'Ivan Dennysovitch, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas favorable au régime ! (non seulement Soljenitsyne est un monarchiste, mais il écrit sur son expérience du Goulag, et décrit un système soviétique complètement absurde et vain)

Exposition du Manège (à Leningrad) : Exposition d'art abstrait aussitôt condamnée par Khrouchtchev (au 2e jour, je crois).

63-70 : Les premières années Brejnev

C'est une période d'accroissement de la censure, mais elle est progressive et ne parvient pas à étouffer l'expression culturelle et artistique. Les jeunes contestataires aux cheveux longs font peur au régime (d'où le procès Brodsky).

En réaction, le samizdat (autopublication, clandestine) et le tamizdat (publication à l'étranger) se développent. Toute une littérature interdite circule sous le manteau,. Les Soviétiques, en général lisent beaucoup, y compris cette littérature, malgré les riques. Bien sûr, les cadres du Parti la lisent aussi. Wink.

Certaines oeuvres échappent à la censure, presque miraculeusement, comme Le Maître et Marguerite, de Boulgakov, fiction totale à l'humour sardonique. En plus d'être une oeuvre majeure, c'est un grand succès de librairie. (certains censeurs sont eux-mêmes des amateurs de littérature et ferment sciemment les yeux)

C'est aussi la grande époque des "bardes". Des cassettes d'Okoudjava et de Vissotsky, plus ou moins clandestines pour le premier (beaucoup de chansons sont jugées trop pessimistes), franchement clandestines pour le second (qui est ouvertement contestaire), circulent partout.

Les Années 70, belles années pour réprimer :

Grande époque de répressions et de condamnations. Vous aurez remarqué que de 54 à 70, la répression, dans le champ culturel, passe majoritairement par le canal de l'interdiction, pas par la violence et les condamnations. C'est une sorte de petit âge glaciaire... C'est l'époque des enfermements en asile psychiatrique, aussi.

1974 : Soljenytsine est banni d'URSS. (il y a bien une différence avec 61).

Bon, maintenant que j'ai fait mon laïus, la vraie question : dans U 235, ça se passe comment ?

Je fais cette proposition : on télescope la période 53-63 avec les deux suivantes. Ca veut dire faire une période 53-60 très dégelée, peut-être plus que dans notre monde (pourquoi pas), et une période 61-65 de "Regel".
Ie
61 : publication de La Journée d'I.D.
63 : Bannissement de Soljenytsine.

Peut-être le Regel pourrait-il être lié aux événements du Miroir ?
Revient aussi cette question : quel est le poids politique du clone de Staline ? Celui de l'IA de Lénine ?

Idem pour la consommation, Khrouchtchev, à la fin des années, a commencé le rééquilibrage des industries, en développant celles des biens de consommation. C'est le fameux "Tartiné de beurre, le marxisme-léninisme aura meilleur goût". Du coup, comme je le disais, on vit plutôt bien en URSS dans les 60', c'est même leur meilleures années. Il y a des coups de folie complètement dévastateurs, bien sûr, comme le grand n'importe quoi qu'est la colonisation des Terres Vierges du Kazakhstan (un projet très "Lyssenko style").

C'est quand-même significatif que les vieux, aujourd'hui, quand ils regrettent l'URSS, parlent toujours des premières années Brejnev (il y a aussi ceux qui prétendent qu'on mangeait du caviar tous les jours dans les écoles dès Staline, mais je ne les crois pas).

Des décisions sont à prendre !
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